lundi 16 septembre 2013

Commerce équitable, une chance pour l'Afrique.


Directeur général de Fairtrade Labelling Organisations (FLO) International, Rob Cameron est persuadé des potentialités africaines dans le domaine du commerce équitable. Le chemin est encore long. Entretien.

Les Afriques : Comment définissez-vous aujourd’hui le commerce équitable ?
Rob Cameron : Le fairtrade (commerce équitable) permet aux producteurs de se prémunir contre les aléas de la conjoncture. Pour ce faire, les producteurs doivent d’abord être certifiés. Ce qui leur ouvre la possibilité d’écouler leurs produits selon les termes du commerce équitable. L’une des grandes caractéristiques du commerce équitable est la garantie d’un prix minimum. En plus de cet avantage basique, le commerce équitable permet au producteur un meilleur accès au marché. A travers notre label, le producteur a accès à 25 marchés.

LA : Où se situent ces marchés en général ?
RC : Dans les pays développés, notamment en Europe (Allemagne, France, Grande-Bretagne…) et en Amérique (Canada, USA, Mexique, etc.), et aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il y a aussi une demande croissante dans les pays émergents. Il y a un grand marché du commerce équitable en Afrique du Sud, dans le domaine alimentaire. Les consommateurs sud-africains adhérent à cette formule.

LA : Combien comptez-vous de membres certifiés en Afrique
RC : Aujourd’hui, il y a 355 organisations de producteurs certifiés commerce équitable en Afrique et au Moyen-Orient. La tendance se développe. Au Ghana par exemple, nous comptons beaucoup de membres. Idem au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie, au Rwanda, dans les domaines du thé et du café.

LA : Comment procédez-vous pour fixer le prix minium garanti ?
RC : C’est un prix minimum destiné à protéger le producteur. Donc, quand les cours internationaux sont en hausse, ce sont eux qui sont appliqués. Quand ils sont bas, nous nous reportons au prix minimum qui joue là comme une assurance. Nous avons tout un processus pour fixer ce prix minimum, en nous référant aux paramètres du marché, aux coûts associés à la transformation de produits à l’import et à l’export, et aux coûts de production. Une équipe de nos employés, à Bonn, travaille sur les coûts de production. Par exemple, si nous avons une grande demande pour les mangues du Pakistan, nous allons travailler sur ce cas spécifique, puis nous fixons le prix qui est le minimum garanti.

LA : Nous remarquons que le commerce équitable concerne davantage les produits agricoles que les produits d’artisanat ?
RC : Il y a des organisations qui travaillent sur l’artisanat. En ce qui nous concerne, nous nous limitons aux produits agricoles.

LA : Peut-on avoir idée du volume du commerce équitable ?
RC : On parle de 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009.
« L’une des grandes caractéristiques du commerce équitable est la garantie d’un prix minimum. »
Je pense qu’à l’avenir l’Afrique doit jouer un rôle important dans le commerce équitable. Il y a tout un travail de sensibilisation à faire pour emmener les gouvernements et les producteurs dans cette voie.

LA : Comment faire pour être certifié ?
RC : Nous recevons beaucoup de candidatures et envoyons régulièrement des auditeurs sur le terrain pour évaluer si le producteur respecte les termes du commerce équitable. Il y a un premier travail d’évaluation à faire, suivi d’une délibération au siège, qui décide en dernier ressort si oui ou non le producteur est certifiable.

LA : A la longue, ne devrait-on pas craindre une forte concurrence entre les labels, qui finira par pousser les standards vers le bas ?
RC : C’est vrai qu’il y a un risque, mais qu’on peut maîtriser. Le commerce équitable est reconnu à travers ses standards. Nous pouvons à mon avis simplifier l’approche sans altérer la qualité.

Source: Les Afriques.

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