vendredi 11 octobre 2013

Les femmes en Afrique (épisode 1)

Présentation: Mama Coulibaly à Sanankoroba (Au Mali)

C’est une lutte contre Goliath que mènent les femmes africaines. Le poids de la tradition est lourd, extrêmement lourd. Les femmes maliennes, encore aujourd’hui, restent des citoyennes trop en marge de la prise de décisions. À Sanankoroba, depuis presque 25 ans, les choses évoluent plus rapidement qu’ailleurs.
Mama Coulibaly est de celles qui luttent avec acharnement pour faire bouger les choses. Passionnée, convaincue, animée, il est difficile de l’arrêter lorsqu’elle parle. Cette citoyenne engagée, devenue politicienne, est une locomotive de la marche des femmes.

« Avant le jumelage, Sanankoroba était un village malien qui était fermé sur sa tradition, sur la coutume », se souvient-elle. « Et lorsque le jumelage est venu, nous avons insisté pour avoir des projets pour les femmes. »
Puisque à chaque jour les Maliens mangent du maïs, du sorgho ou du riz, les femmes passent plusieurs heures à battre les grains pour les débarrasser de leur cosse. L’achat de trois moulins allait changer la vie des femmes.

Toutefois, la tradition, comme la vague qui revient toujours s’abattre sur la plage, a frappé le projet des femmes. Une nuit, que l’on a baptisée « le coup d’État des moulins », les hommes ont pris d’assaut les trois moulins des femmes. Malgré toutes les négociations qui ont eu lieu entre les hommes et les femmes du Benkadi, appuyées d’une délégation de Sainte-Élisabeth, les hommes ont voulu garder la gestion des moulins. Un an plus tard, après avoir accumulé un grand déficit, les hommes ont abdiqué. Ils ont reconnu que les femmes étaient plus compétentes pour gérer cette activité.

« Enfin, les femmes ont pu gérer leurs moulins », explique Mama Coulibaly. « Elles ont fait des profits et en ont acheté d’autres. À ce moment, les hommes du village ont vu que les femmes étaient capables. »
Après cette crise, les femmes ont commencé à être encore plus respectées. Non seulement les hommes maliens ont vu l’esprit d’affaires de leurs femmes. On pouvait ainsi les entendre dire : « Chaque fois que nos amis viennent, il y a plus de femmes. Mais aussi, c’est une femme qui est le chef. »

Mama a perçu le changement de mentalité : « Les hommes d’ici ont vu et compris. Ils ont accepté d’impliquer les femmes, de leur laisser la parole. Parce qu’ici, avant, les femmes n’avaient pas le droit de parole. »

Sûre d’elle-même, elle devient en 2004 une des premières femmes élues au Conseil communal de Sanankoroba.  Cinq ans plus tard, en 2009, six d’entre elles sont élues ! Jamais les femmes n’avaient eu accès à des postes de décision. Une vraie révolution.

« Quand je regarde dix ans, 15 ans ou 20 ans avant, je vois le changement au niveau des mentalités, l’ouverture d’esprit des femmes, je peux dire qu’on a fait un grand pas, ça me motive… Le développement des femmes, ce sont des petits pas », conclut Mama Coulibaly.

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